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Dans une fiche précédente, nous avons décrit les principales caractéristiques anatomiques et physiologiques de la tortue terrestre, dite tortue d’Hermann, données indispensables pour qui souhaite adopter cet animal. Compte-tenu de ces caractéristiques, voici quelques conseils qui vous permettront d’accueillir au mieux une tortue chez vous !

 

 

Son lieu de vie

 

Les juvéniles jusque l’âge de 2 ans environ peuvent être accueillis dans un terrarium à l’intérieur de la maison, chauffé et éclairé par une lampe « spéciale reptiles ». Ce terrarium, suffisamment grand, sera rempli de terre, planté de quelques végétaux. Y seront installés : des pierres que la jeune tortue pourra escalader, mais aussi un abri où se réfugier. Une ou plusieurs coupelles d’eau changée régulièrement seront disposées dans le terrarium. On pourra aussi mettre un peu de foin.

 

En revanche, lorsque la tortue grandit, elle peut sans problèmes vivre en extérieur, à condition que lui soit aménagé un espace bien à elle qui tient compte de ses caractéristiques ; la tortue étant un animal relativement solitaire, elle peut parfaitement vivre seule, mais elle a besoin d’assez d’espace dans son enclos : il faut compter au moins 10 m2 par animal (dans la nature, son territoire est d’1 hectare), exposé si possible plein sud, mais présentant des zones d’ombre naturelle et un abri /maison résistant(e) pour que la tortue puisse trouver de la fraîcheur en cas de températures élevées (voir fiche précédente : la tortue est un animal ectotherme).

Il sera nécessaire de clôturer l’espace avec une bordure en bois ou autre d’au moins 40 cm au-dessus du sol, pour que la tortue ne s’échappe pas. Mais comme elle a tendance à creuser, il sera aussi indispensable d’enfouir la clôture de 20 à 25 cm au minimum. Un grillage par-dessus l’enclos pourra être installé les premières années, lorsque la jeune tortue peut facilement être la cible de prédateurs.

Dans ce lieu aménagé, il faudra veiller à ce que les plantes et les arbustes ne soient pas toxiques ou dangereux.

Enfin, une ou plusieurs coupelles d’eau seront disposées à divers endroits afin que la tortue puisse boire et s’hydrater.

 

 

Quelle alimentation ?

 

Comme nous l’avons rappelé, la tortue est herbivore, et elle consomme donc plus de 90 % de végétaux. Le régime de la tortue devra être pauvre en protéines et en matières grasses, mais riche en fibres et minéraux : pissenlit, plantain, trèfle, liseron, mâche, roquette, feuille de chêne,... que l’on trouve dans la nature, mais aussi orties, betteraves, endives, tomates, courgettes, concombres coupés en morceaux etc... Quelques petites « friandises », tels des fruits de saison (melon, raison, fraises, pêches, abricots, pommes...) seront les bienvenues, en quantités réduites, c’est-à-dire une à deux fois maximum par semaine.

À proscrire : pommes de terre, chou-fleur, chou de Bruxelles, maïs, petits pois, artichaut, laitue (trop riche en eau).

Idéalement, le rapport calcium/phosphore des végétaux doit être au moins égal à 1,5

La tortue est naturellement gourmande, et elle ne refusera pas des morceaux de brioche, de gâteaux, de fromage, de viande ou de poisson, et autres. Toutefois, vous risquez de perturber sa digestion en créant des déséquilibres alimentaires, la rendant ainsi plus vulnérable et sensible à l’obésité, aux maladies cardiaques, etc...

 

 

Les soins et l’hygiène

 

L’entrée en hibernation chaque automne est un moment important de la vie de la tortue. Afin que celle-ci se déroule dans les meilleures conditions possibles, il est nécessaire qu’elle soit en bonne santé. Les juvéniles (de moins de 3ans) seront de préférence placées dans un terrarium à l’intérieur pendant la période hivernale. Dans les régions où les hivers sont rudes, même les adultes pourront être rentrés dans un endroit abrité du gel, mais non chauffé, dans une caisse remplie de terre.

L’entrée en hibernation se fait lorsque la température extérieure passe en dessous des 20 °C : le métabolisme de la tortue diminue progressivement, pour entrer dans une phase de « sommeil physiologique ». L’animal va s’enterrer à environ une vingtaine de centimètres sous la surface du sol. Afin de mieux protéger le lieu d’hibernation du gel, il est possible d’y mettre de la paille (excellent isolant) ou des feuilles mortes.

C’est le réchauffement de la température extérieure qui va réveiller la tortue ; celle-ci va alors s’exposer le plus possible au soleil pour faire remonter sa température interne. La sortie d’hibernation est variable selon l’âge et la taille de la tortue, et il est donc important de laisser faire la nature ! La plupart du temps, la reprise de l’alimentation n’est pas immédiate ; il est indispensable de relancer le métabolisme pour que l’appétit revienne, et cela peut prendre quelques jours. En revanche, il est important que la tortue ait de l’eau à disposition dès qu’elle émerge de son sommeil hivernal.

 

 

Conclusion

 

Bien que plutôt rustique, la tortue d’Hermann nécessite toutefois des conditions de vie adaptées. Si ces conditions sont respectées, il y a de fortes chances pour que la cohabitation se passe au mieux, et qu’elle vive auprès de vous de longues années, voire qu’elle vous survive !!

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

22/10/2018